LÉON
Posté par rabelaisblog le 2 mars 2011
Léon
De Léon Walter Tillage
Ce livre autobiographique, raconte la vie d’un petit garçon noir, né en 1936 dans le Sud des États-Unis après la guerre de sécession. Dans un état, où les droits accordés aux noirs, instaurés dans les états du nord, ne sont pas respectés. Car après La guerre civile qui confronta les États esclavagistes du Sud aux États anti-esclavagistes du Nord (1861-1865) qui se solda par une victoire du Nord, les États du Sud n’acceptèrent pas l’abolition de l’esclavage proclamée par Lincoln en 1865… Les habitants et dirigeants de ces États continuèrent donc de traiter les Noirs comme une « race » inférieure à la »race Blanche » . A partir de ce moment, nous ne parlons plus d’esclavage, mais de ségrégation.
Si ce livre était une couleur, ce serait : Le Blanc.
Car c’est la couleur de la Liberté. Une liberté à laquelle Léon aspire. La liberté d’étudier, de travailler, de s’exprimer, de faire valoir ses droits. Des choses élémentaires pour nous, mais inimaginables pour ces Hommes noirs
« A cette époque, les Noirs n’avaient pas droit à la parole. Il leur était impossible de poursuivre un homme blanc en justice. »
Lincoln, The Emancipator
« En accordant la liberté à l’homme asservi, nous garantissons la liberté de l’Homme libre, geste doublement honorable de don et de protection. Nous garderons honorablement, ou nous perdrons lâchement, le dernier, le plus bel espoir qui soit au monde. » extrait d’un discours d’Abraham Lincoln, 16e président des États Unis d’Amérique, après l’abolition de l’esclavage, 1865.
Si ce livre était un animal, ce serait L’Antilope.
Car les enfants blancs, qui possédaient une belle école avec un bus scolaire, s’amusaient à lancer des pierres sur Léon et ses amis, qui rentraient de leur école à pieds(plus de 7km de trajet), sous l’œil approbateur des adultes. Le seul moyen pour eux de ne pas rentrer la peau en sang, était de courir, courir le plus vite possible pour se cacher. Comme l’antilope qui doit échapper à ses prédateurs.
« Chaque fois qu’on voyait le bus des enfants blancs arriver, on déguerpissait, cherchant un endroit où se cacher. Si le chauffeur arrêtait le bus à notre niveau, on savait qu’on allait avoir des ennuis. »
Si ce livre était un paysage, ce serait Le Grand Canyon.
Le grand canyon représente bien le fossé qui sépare les droits des Hommes blancs et ceux des Hommes noirs à cette époque.
« … il y avait le long des routes ce qu’on appelait des Tastee-Freez (Snack). Il y avait là aussi un panneau « RÉSERVÉ AUX BLANCS » et un autre « NOIRS »… Mais nous, nous devions rester là jusqu’à ce que le serveur se sente d’humeur à nous servir. »
Si ce livre était un végétale, ce serait Le coton.
« The Cotton Pickers » Winslow Homer, 1876.
Car Léon et ses frères et sœurs, devaient, avant et après l’école, aider leur père à s’occuper des récoltes de leur « propriétaire », Mr Johnson. Mais aussi, ramasser le bois, et aller chercher de l’eau au puits, car sa famille et ses »frères noirs » n’avait ni électricité, ni eau courante.
Si ce livre était un homme célèbre, ce serait Martin Luther King.
Léon, fait référence à Martin Luther King, comme à un homme qui donna aux Hommes noirs, le courage et la force de lutter pour leurs droits. Malgré les fortes répressions des forces de police, qui n’hésitaient pas à lâcher des chiens sur la foule, ces hommes et femmes noirs, manifestaient, pour faire entendre leur cri de détresse.
Martin Luther King fut le leader du mouvement pour les droits sociaux du peuple afro-américain dans les années 60. Il est part ailleurs connu pour son célèbre discours » I have a dream » qu’il prononça lors d’une marche pour la liberté, le 28 août 1963 sur les marches du Lincoln Memorial à Washington.
« En prison, il y avait des hauts parleurs qui nous expliquaient que Martin Luther King était un communiste, qu’il travaillait pour les Allemands et qu’il allait briser la paix entre les Blancs et les Noirs. »
Si ce livre était une fête, ce serait : Noël
Bien qu’à cette époque, les Blancs ne se mélangeaient pas avec les Noirs, une exception existait : Noël ! A Noël, Blancs et Noirs se retrouvaient, et s’offraient des cadeaux, partageaient un repas, le temps d’une soirée. Une autre cérémonie plus triste, réunissait les deux « partis », les obsèques. Dans ce cas là, tout le monde apportait du réconfort et des petit cadeaux à la famille en deuil.
Malgré d’énormes inégalités, il subsistait quelques moment de partage « interracial ».
Si ce livre était une musique, ce serait
War
de Bob Marley,1976.
Léon, dans son adolescence, s’engage dans la lutte contre le racisme et l’exploitation des Hommes noirs, en manifestant à ses risques et périls…
Dans cette chanson, Bob Marley appelle à l’égalité de tous les hommes.
« …. En attendant que la couleur de la peau d’un homme n’ait pas plus de signification que la couleur de ses yeux… » Bob Marley, extrait des paroles de War.
Si ce livre était une peinture du XXe siècle, ce serait
The builders, de Jacob Lawrence, 1947.
Car on y voit, des hommes Blancs et Noirs, travailler ensemble,à une tache pénible, ce qui, quelques années plus tôt, aurait été réservé aux Noirs… Ce que reflète ce livre en mettant en avant le fait qu’à cette époque, les « nègres » (mot péjoratif) et donc Léon étaient privés d’instruction.
« … comme nous étions de couleur, tout ce qu’il nous fallait apprendre, c’était à lire notre nom, à l’écrire… »
Et donc, ils n’avaient aucun moyend’accéder à des emplois bien rémunérés et àdes conditions de travail correctes…
« Alors pourquoi aller à l’école ? … Nous n’obtiendrions jamais un boulot dans une banque ou dans un drugstore »
L’absence d’humanité que l’on observe au Sud des États-Unis à cette période de l’histoire m’a fait comprendre à quel point ce peuple a souffert, et pourquoi, il est essentiel d’accepter la couleur, la nationalité, les coutumes et les différences de chacun des individus qui vit autour de nous. Et pourquoi, l’égalité des droits de tous les Hommes est importante pour maintenir la paix sociale.
5 mots qui définissent ce livre
- Haine : J’ai été choqué, bien que je connaissais les grandes lignes du traitement qu’on infligeait aux Noirs à cette époque, la violence des actes commis envers ces gens à la peau noire, considérés comme des Hommes sans âme ni sentiment. Comme lorsque le père de Léon, se fait écraser par une voiture conduite par de jeunes Blancs sous les yeux de son fils… Ils auront pour seule « punition » d’aller présenter des exucses auprès de la Famille, sans procès ni condamnation.
- Persévérance : On se rend compte à la lecture de ce livre, à quel point ce peuple fut courageux ! Malgré les atrocités que l’Homme Blanc a pu commettre envers son frère noir. Les Hommes noirs se sont battus pour pouvoir faire valoir leurs droits d’être humain, par exemple – et c’est pacifiste – en manifestant dans les rues, par la musique, à travers des icônes de cette révolution (Marcus Garvey, Martin Luther King, etc..), qui poussaient leur « frères et sœurs » à continuer à croire en la Liberté.
La musique qui représente vraiment cette bataille est le Blues, qui à cette époque et encore aujourd’hui, était utilisé pour faire passer un message de d’espoir et de résistance. Le Blues fut inventé par des esclaves noirs originaires d’Afrique, sur le Continent Nord-Américain. Du Mississippi jusqu’à Chicago, ces hommes et femmes ont inspiré bon nombre de nos rockers et artistes contemporains… Pour citer les plus grands d’entre eux, on choisira ( John Lee Hooker, Cab Calloway ) que moi même, j’apprécie beaucoup. Ou dans un autre registre musical encore, Ray Charles qui chanta: Georgia on my mind , composée par Hoagy Carmichael en 1930. Ray Charles l’interpreta en 1960 pour faire face aux lois ségrégationnistes de l’Etat de Georgie. Cette chanson deviendra d’ailleurs par la suite, l’hymne officiel de Georgie.
Je trouve cette chanson et surtout cette interprétation magnifique !
- Désespoir :Certains adolescents et adultes Blancs, en venaient à lapider, à fouetter ou à passer à tabac des enfants, des femmes et des hommes Noirs, jusqu’à ce que mort s’en suivre, pour la seuleet simple raison qu’ils étaient de couleurs… De nombreuses familles furent détruites par ces actes barbares et inhumains.
- Inégalité: Lorsqu’ un Homme Blanc commettait un meurtre sur un Homme Noir, la justice n’ouvrait aucune enquête et les coupables ressortaient les mains et la conscience propre de cette affaire… Alors qu’un Noir, pouvait être condamné à mort pour avoir bu dans la fontaine d’eau « RÉSERVÉE AUX BLANCS».
- Misère En plus d’être mal traité, les Hommes Noirs vivaient dans la misère, pas d’électricité, pas d’eau courante, des rations de nourriture souvent insuffisantes pour nourrir toute une famille, pas d’accès au soins et des vêtements abîmés et en nombre très restreint (car trop coûteux) » … l’école se terminait à deux heures de l’après midi. Nous fillions directement à la maison… Il nous fallait aller couper du bois et puiser de l’eau pour la nuit «
Si je devais renommer ce livre, je l’appellerais :
La couleur de l’inégalité.
Victor, 3e3
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Bonjour,
ça c’est une chose importante pour le monde. Je trouve que cet article c’est du bon travail.xD
On n’aime bien ta lecture cursive et les videos
Bonjour Victor,
j’ai lu avec un grand intérêt tes commentaires concernant le livre LEON. J’y ai découvert une documentation pertinente, visuelle et musicale, dont un tableau que je ne connaissais pas. Tu choisis bien les 5 mots pour définir le contenu du livre et tu en explicites le sens. Bravo !
Le titre que tu proposes m’a fait penser à un livre récent : LA COULEUR DES SENTIMENTS. Kathryn Stockett. Editions Jacqueline Chambon. Actes Sud. Je t’envoie ce que j’ai écrit sur ce livre. Si cela t’intéresse je peux t’envoyer les références de BD sur le même thème. J »espère lire d’autres commentaires sur les livres que tu lis.
Colette
Mots-clés
Mississipi
Racisme
Maître et serviteur
En 1962, à Jackson, Mississipi, trois femmes racontent leur vie. Aibileen et Minny sont noires et bonnes dans des familles blanches. Skeeter, jeune fille blanche, rejoint ses parents, propriétaires d’une plantation de coton, après quatre années d’université. Dans cette société conservatrice, la perspective de se marier et de mener la vie de ses amies, occupées par leurs toilettes, invitations à prendre le thé et parties de bridge, ne la tente guère. Elle voudrait devenir écrivain et parvient à convaincre les deux bonnes de témoigner de leur vie quotidienne au service des blancs. Dans un contexte ségrégationniste, l’entreprise est dangereuse. Cependant, malgré la peur de perdre leur travail, de subir la violence du Ku Klux Klan, elles unissent leur courage et leur énergie pour rédiger ces témoignages bouleversants.
Ce livre vaut par le choix d’une écriture en prise directe avec le quotidien des bonnes dans cette société blanche dominante et sûre de son bon droit. Presque entièrement dialogué, il restitue les humiliations racistes et propos méprisants qu’elles doivent encaisser mais aussi leur dévouement et leur amour pour ces enfants blancs dont elles ont la charge. Au-delà des péripéties et des multiples obstacles qui entravent leur projet, c’est toute une société qui est évoquée avec ses comportements, ses clivages, ses refus de remettre en cause un ordre qui assure le pouvoir de la bourgeoisie blanche. Ce livre est à conseiller vivement car il permet de comprendre comment s’est construit, s’est maintenu le racisme et combien il est difficile d’oser s’en libérer.