LA ROBE FANTÔME

   Ce soir là, nous étions toutes réunies, comme à notre habitude, autour du feu pour discuter de différents événements. Quelques unes d’entre nous parlaient de leurs voisins, de leur famille, et d’autres parlaient d’histoires qu’elles avaient vécues il y a des années. Pour ma part, je décidai de raconter une de mes aventures assez particulière.  Cela s’est passé l’été dernier, je revins d’Angleterre et passai la semaine chez ma sœur. Je défaisais mes bagages et ne tardai pas à me mettre au lit. Mais pendant la nuit, quelque chose d’étrange arriva. Il devait être entre minuit et une heure du matin quand je me suis réveillée. Les claquements du vent sur les volets m’empêchaient de me rendormir. Je restai dans mon lit et essayai de retrouver le sommeil quand la fenêtre s’ouvrit lentement avec un grincement qui me fit trembler d’effroi. Je restai immobile pendant un moment et finis par me redresser. La pièce sombre semblait déserte mais je sentais la présence de quelqu’un ou plutôt de quelque chose. Je me levai pour refermer la fenêtre quand je vis un bout de dentelle noir coincé dans l’angle de celle-ci. Je le pris et le mis dans ma poche.

  Ce morceau de tissu appartenait à une de mes robes et comme je n’arrivais plus à trouver  le sommeil, je décidai de  recoudre la dentelle à ma robe. Je me  dirigeai vers la penderie, mais au moment de la prendre, la robe avait disparu. Je cherchais partout dans la chambre mais ne la trouvais pas. J’étais pourtant sûre de l’avoir prise pour mon voyage. Je pensais que la fatigue me rendait folle et retournai me coucher,  mais en me retournant vers le lit, je la vis, ou plutôt je crus la voir, cette robe magnifique brodée de fils blancs et dorés, flottant au dessus de ma tête. En la voyant, je poussai un cri d’effroi.

Mon souffle était coupé, ma gorge nouée. La peur me paralysait ! Elle était là, brillant dans le noir. Je ne sentais plus mes jambes. Je restai là à la regarder sans pouvoir bouger un seul membre.

Après un moment, j’entendis frapper à la porte. C’était ma sœur, elle avait dû m’entendre crier. Elle essayait d’ouvrir, mais la porte était fermée à clé. Tout à coup, on entendit une musique. Et la robe se mit à danser comme pendant un bal. Je m’étais mise à trembler comme une feuille, mais au bout de quelques minutes, ma  terreur passa. Elle était si gracieuse, si élégante lorsqu’elle dansait, que j’en oubliais presque ma sœur, désespérée, qui m’appelait tout en frappant de plus en plus fort contre la porte. La robe dansait encore, mais au bout de plusieurs minutes, la musique s’arrêta. Elle s’approcha alors doucement. Une épouvante soudaine s’empara de moi ! J’aurais voulu disparaître ! Plus cette robe maudite s’avançait, plus j’étais terrifiée. A cet instant précis, je devais être pâle comme un cadavre. Je sentis un frisson me remonter le long du dos. J’étais complètement tétanisée ! Mon souffle était coupé, et la robe n’était plus qu’à quelques millimètres de mon visage. J’étais complètement immobile, et pendant un instant j’ai cru que j’étais morte ! Au moment précis où elle m’effleura je perdis connaissance.

Ce n’est que le lendemain que je m’éveillai au côté de ma soeur et de quelques domestiques. Elle me dit qu’ils m’avaient trouvée inconsciente sur le sol près de la fenêtre. Je me souvins alors du morceau de dentelle noir que j’avais mis dans ma poche. Je voulus le prendre mais celui-ci avait disparu, tout comme la robe à laquelle il appartenait.

 

                                                                                             Garance Delaye, 4e2