Si mon livre était …
Un objet ? Une cage …


Cette cage représente la cellule de prison de Tracey car Tracey est enfermée à Garrett et ne peut en sortir. Au cours d’ échanges épistolaires avec Mandy avec qui elle correspond grâce à une annonce déposée dans un journal, elle décrit les conditions de détention, le quotidien en prison et ce qu’elle ressent. Elle éprouve l’envie de fuir et elle ressent de la rage. A la fin du livre, elle ne peut se procurer des nouvelles de son amie, Mandy car elle ne reçoit plus de lettres de Mandy et en étant enfermée, coupée du monde, elle perd le seul contact qu’elle avait avec l’extérieur. Sa correspondance avec Mandy était sa seule raison de vivre…
« Mandy, ne me sers plus tes foutaises comme quoi la taule est intéressante.[...] Cet endroit est un trou. Qui t’aspire, qui te bouffe, plus que tout ce que j’aurais imaginé, et c’est dur de garder mon calme quand tu m’écris, en gros, que ça a l’air chouette. »
» C’est marrant, je me donne beaucoup de mal pour ne pas me plaindre de ce trou quand je t’écris. Je ne veux pas que tu saches à quel point c’est moche. »;
» Je ne veux pas être ici. J’ai envie d’être dans la rue. »
« Le plus pénible c’est de ne pas savoir. En étant ici, je suis complètement coupée du monde. Pas moyen de me renseigner pour savoir si tu vas bien. »…
Elle décrit la prison avec rage et haine. Elle se plaint des conditions de détention difficiles . Elle veut sa liberté
Un lieu ?
Une forêt...

Si mon livre était un lieu, ce serait une forêt. En effet, cette étendue boisée très dense crée généralement un effet de pénombre surnaturelle: la densité d’arbres donne une obscurité assez étrange. Cependant, cette pénombre est traversée par quelques rayons de soleil ou par la lumière de la lune qui parviennent à y pénétrer.
Dans le récit, les lettres de Mandy éclairent la vie de Tracey comme les rayons de lumière qui pénètrent dans la forêt.
Cet échange qu’elle entretient avec Mandy lui permet de rester en vie.
Au début du livre : » Tu ne comprends pas? Pourquoi j’ai mis l’annonce? Je voulais savoir à quoi ressemblait la vraie vie. Je voulais savoir ce que font les gens normaux . C’est la raison qui faisait que j’aimais tes lettres. »; « Ici c’est un trou et je suis la plus belle salope qui s’y trouve. Si seulement tu savais. Tu es la seule personne avec qui je sois… Je ne trouve pas le mot… avec qui je sois douce. Simplement parce que tu n’es pas là. Si tu y étais, tu me verrais telle que je suis, et si tu ne me voyais pas tu entendrais parler de moi.[...] Je suis enterrée ici, et tout ce qui compte pour moi c’est d’être la terreur du bloc. Ce que je suis. Et j’adore. Et va te faire foutre. »
Ces citations montrent qu’ au début, Tracey a un comportement agressif au sein de la prison, elle ne respecte ni le personnel ni les autres personnes en détention: elle les insulte et les agresse.
–> « Tu sais, Manna, je vais essayer de changer. Merde, j’ai déjà beaucoup changé, je crois. Mais je vais me sortir du quartier haute sécurité. Quand je quitterai Macquarie tu seras fière de me connaître. Je serai la première femme pape. [...] Mais je vais y arriver Manna, parole. »
Alors que ces citations montrent que Tracey a changé et qu’elle veut aller de l’avant: prendre un nouveau départ. Elle dit qu’elle va devenir une bonne personne. Ce qui amène à conclure que ces échanges vont aider Tracey à changer et à améliorer son comportement. Cette correspondance a un pourvoir sur la vie de Tracey. Elle lui apporte de la lumière car elle s’attache à Mandy et celle-ci va être d’une grande importance à ses yeux : sa seule raison de vivre. Mandy a ouvert son coeur à Tracey.
Ces lettres apportent de la lumière dans la vie de Tracey
Une œuvre d’art ?
La ronde des prisonniers de Vincent Van Gogh…

Si mon livre était une œuvre d’art, ce serait le tableau La ronde des prisonniers de Van Gogh. Cette œuvre décrit parfaitement les conditions de vie de Tracey. Elle représente des prisonniers tournant en rond dans une cour de prison. Les murs de briques aux rares fenêtres créent un espace clos. On ne voit même pas le ciel. Cette cour est étroite et les personnes sont écrasées car elles sont vus en plongée. Cela donne un effet d’isolement. On peut aussi remarquer que les rayons du soleil se reflètent sur le mur de briques comme la lumière qu’apporte Mandy dans la vie de Tracey par ses lettres.
Une couleur ? Le noir
Si mon livre était une couleur, ce serait le noir qui nous fait penser à la peur, l’angoisse, l’inconnu, la mort, le vide et la perte. J’ai choisi cette couleur car elle ressemble à la vie menée par les deux jeunes filles qui s’écrivent, Mandy et Tracey. Entre la violence, la peur et les émotions éprouvées par les mineurs incarcérés (dans le cas de Tracey), les deux correspondantes ont des vies très difficiles…
« Mais Steve est un mec violent.[...] Il m’a battue quelque fois. »; « Pour ma bonne action, j’ai reçu deux coups dans la figure, dans la poitrine, tout le matos informatique a volé à travers la pièce, et Steve a rapté toutes les disquettes pour que je ne puisse plus me servir de l’ordinateur. Plus une menace : »Essaie de me cafter, salope, et je te réglerai ton compte au bahut. »
« Tu as entendu parler de Garrett? Si tu connais pas je t’explique. C’est un centre de détention Haute Sécurité, où on t’enferme si tu as fait beaucoup de mal, et si tu es pire que très nuisible on te met au Bloc A. C’est là que je suis. »
« Je sais aujourd’hui que mon père était ce qu’on appelle violent.[...] Quelques fois il se mettait en colère et il nous battait [...]« ; « Cette lettre n’est pas encore finie Manna. Je viens de me réveiller sur le pire des rêves : des lames de couteau, des balles, du sang, et des silhouettes dans le noir. »; « Manna, pardon, mais je ne m’en sors pas très bien. »; « Cet endroit est un trou. Qui t’aspire, qui te bouffe, plus que tout ce que j’aurais imaginé. »
L’auteur nous fait comprendre que la violence a un grave impact sur les personnes qui la subissent. Elle porte atteinte au moral et au physique. Et oui, c’est aussi une destruction psychologique. Cela a une influence sur le comportement et ça entraine des traumatismes et des conséquences à long terme. Ces deux correspondantes ont été victimes de la violence. En effet, Mandy subit en silence la violence de son frère. Personne n’est au courant, elle n’a pas le droit d’en parler. Seul Tracey le sait et elle fait preuve d’une certaine compréhension, c’est le vécu de la violence qui les rapproche.
Le Saviez vous ?
Vincent Van Gogh né le 30 mars 1853 et mort le 20 juillet 1890, est un peintre et dessinateur néerlandais . Ses œuvres sont pleines de naturalisme. Au début du XXI ème siècle, c’est l’un des peintres les plus connus au monde. Il a réalisé la ronde des prisonniers en 1890 d’après une gravure de Gustave Doré.
Pour plus d’infos :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Vincent_Van_Gogh/148249
http://www.vggallery.com/international/french/
Mon livre en 3 mots…
Amitié : En effet, au fil des lettres qu’elles s’envoient, Mandy et Tracey nouent un lien d’amitié très fort ! La franchise et la sincérité deviennent réciproques lorsque Tracey avoue être en prison pour mineurs, au milieu du livre . C’est à partir de là que l’amitié devient plus profonde: une réelle confiance s’installe! Elles évoluent au contact l’une de l’autre. Leur relation épistolaire est d’une rare intensité! C’est très émouvant !
« Je ne veux pas te perdre Mandy – tu es ma copine [...] mais en fait, Mandy, je n’ai plus envie de te raconter des salades, je veux que les choses soient claires entre nous. »; « J’t'aime tant, Tracey »
Ces deux correspondantes se font des confidences qui évoquent la violence qu’elles subissent ou qu’elles ont subie. Ce sont ces confidences qui vont engendrer leur amitié. Elles se rapprochent en se confiant l’une à l’autre (en se racontant leurs problèmes).
Violent: Steve, le frère de Mandy est extrêmement violent et il possède tout une collection d’armes ! L’auteur ne nous dévoile pas la fin du livre mais nous pouvons imaginer que son frère lui a fait du mal … La violence est aussi évoquée lors des passages où Tracey raconte que son père battait sa mère ainsi que ses enfants. Un peu plus tard , elle nous apprend qu’elle avait découvert que son père avait fait quelque chose d’atroce…
Du côté de Mandy : « Mais Steve est un mec violent.[...] Il m’a battue quelque fois.[...] Il m’a tordu les doigts en arrière, tordu le bras dans le dos, mise à genoux, donné des coups de pied entre les jambes, toutes sortes de trucs.[...] J’ai tellement peur quand je sais qu’on va se retrouver tous les deux seuls à la maison. »; « Il faut que je te dise que Steve est devenu tellement bizarre que même Maman et Papa se retrouvent au pied du mur, bien obligés de regarder les choses en face. [...]Il passe la majeure partie de son temps dans sa chambre à lire des revues sur les armes[...]. Ce qui me fait vraiment peur, c’est qu’il a le 22 et un fusil de chasse que Grand-père lui a laissés. »
Et de Tracey : « Je sais aujourd’hui que mon père était ce qu’on appelle violent.[...] Quelques fois il se mettait en colère et il nous battait, on avait peur et on essayait de se tenir loin, et on marchait sans bruit et on parlait doucement. »
Le vécu de la violence avec leurs proches les a rapprochées. Car elles se comprennent et se confient de plus en plus. Ça permet d’installer la confiance dans leur relation. La violence est un peu leur seul sujet commun et il permet à cette relation d’exister.
Dramatique : La fin est bouleversante : on doit imaginer ce qui est arrivé à Mandy pour qu’elle ne réponde plus . Les passages décrivant la violence et l’agressivité du frère de Mandy ou du père de Tracey sont durs. Et enfin c’est un échange épistolaire émouvant et dramatique !
Au début lorsque Tracey avoue être en prison à Mandy, on sent que Tracey, forme une carapace pour se protéger : elle est froide et distante avec sa correspondante, Mandy. Ce comportement s’explique par la peur de s’attacher plus à Mandy et qu’une fois vraiment amie, elle ne lui réponde plus. Tracey cache plutôt ses sentiments : elle ne parle pas très bien à Mandy et ne lui apporte pas beaucoup d’affection, mais à la fin on découvre une fille très sensible et très attachée à sa correspondante qui ne l’a jamais jugée et qui l’encourageait à aller de l’avant. C’est ça qui m’a émue dans ce livre. Cette rare sensibilité qu’exprime Tracey lorsqu’elle se confie à son amie Mandy et lui parle de son dur passé. Mandy, elle, est très ouverte et ne juge pas son amie malgré ses erreurs, cependant elle n’a pas non plus une vie facile. Elle s’avère être très sympathique et sincère car elle se confie dès le début du récit et se montre toujours de bonne humeur et compréhensive malgré sa dure vie. Elle est également très attachée à son amie . C’est ce qui m’a beaucoup plu dans ce livre !
« Chère Manna, trois semaines sans aucune lettre de toi. »; « Manna, pardon, mais je ne m’en sors pas très bien.[...] Je suis à l’infirmerie depuis un bout de temps maintenant, peut être deux ou trois semaines. Je ne fais pas grand-chose, je ne dis pas grand-chose. »…
Si je devais donner un nouveau titre et une nouvelle couverture à ce livre
cela donnerait ça :
J’ai beaucoup aimé ce livre car on y découvre une amitié touchante et une sensibilité qui se reflètent dans les personnages que sont Mandy et Tracey. Cependant la violence est beaucoup évoquée ce qui pourrait toucher des personnes sensibles. Moi, j’ai trouvé ça assez sinistre et dur, quand même. Je recommande ce livre aux personnes qui ont envie de découvrir l’histoire de deux jeunes filles dont l’une est incarcérée, et qui deviennent amie grâce à l’écriture . Leurs échanges seront riches en confidence, en disputes , en passages difficiles et en suspense…
Ce livre a été joué au théâtre par La Part Des Anges :

http://www.part-des-anges.com/wp-content/uploads/2012/03/LETTRES_dossier.pdf
Lecture offerte
http://www.dailymotion.com/video/x184tij
Emma 4°7